mercredi 19 juin 2013

Murias de Rechivaldo - El Acebo (33 kms)

50ème étape (19/06/2013)

Départ 6h10 - Temps froid et très menaçant


Tout d'abord, une bonne adresse pour dîner à Murias : meson Astrum à 50 mètres de l'auberge, ça faisait longtemps que je n'avais pas eu le ventre aussi rempli ! De belles portions, du vin en quantité et un Cocido Maragato de folie.

Ensuite, l'hospitalier a fait peur à tout le monde hier soir en annonçant pour aujourd'hui des orages violents, des éclairs et de la foudre ! Il a fortement déconseillé, en toutes les langues, de s'aventurer dans l'ascension de la Croix de Fer et a recommandé de s'arrêter à Rabanal del Camino. La plupart des pèlerins présents semblaient satisfaits de cette recommandation... Il faut dire qu'ils étaient pratiquement tous partis de Leon, soit deux jours de marche ! Et ils en avaient déjà plein les bottes alors faire une étape de 16 kms, ça les arrangeait presque. 
Pour nous, après l'ascension tronquée vers Roncevaux, louper encore la mythique Croix de Fer, franchement c'en est trop... Nous décidons avec CompostElle de monter jusqu'à mi-pente, au petit village de Foncebadon qui compte pas moins de 4 auberges,  et d'aviser sur la poursuite de la montée en fonction de la météo. Sachant qu'en haut de la Croix de Fer, il resterait 12 kms pour avoir un gîte ce qui ferait une étape avoisinant les 33 kms !!!

Donc, ce matin, on ne sait pas trop pourquoi, des farfelus ont mis leur réveil à sonner à 5h00 du matin  !!! Faire les sacs, s'équiper avec les lampes frontales, faire une toilette express... Un pèlerin allume même la lumière du dortoir à 5h30 ! CompostElle est pliée de rire devant tant de fébrilité voire de bêtise. Une fois réveillé, autant se lever et partir, c'est ce que nous faisons à 6h10 : il fait encore nuit ! Au passage, je récupère un duvet tombé par terre dehors sous une table. Je le redonne à son propriétaire qui n'était pas encore parti....


Le petit sentier blanc ressort bien dans la noirceur de la nuit et la frontale est inutile. Cela monte légèrement, mais c'est agréable cette pénombre qui nous entoure. Vers 7h00, nous arrivons à Santa Catalina de Somoza où nous déjeunons dans un bar. Nous retrouvons Martine une française de 64 ans qui pérégrine seule et que nous avons déjà vu à plusieurs reprises : elle affiche, en toutes circonstances, un optimisme inégalable et elle a une pêche d'enfer ! Effilée comme une lame de couteau, elle marche à une vitesse incroyable tout en parcourant de grandes distances. 


Puis arrive dans notre parcours El Ganso en même temps qu'un petit rayon de soleil, frais certes mais c'est toujours mieux que la météo annoncée. Il fait à peu près 7 ou 8 degrés mais avec fort vent de face qui souffle à pas loin de 80 km/h, il fait plutôt frisquet ! Mais toujours pas d'orage, tant mieux... Les paysages sont superbes et les couleurs magnifiques, au gré des différents éclairages proposé par l'astre solaire et tamisé par l'incessant ballet des nuages... 
À Rabanal del Camino, que nous atteignons avant 10h00 nous nous approvisionnons ne sachant pas ce que nous réservent les prochaines heures. En tout cas, si nous avions écouté les conseils donnés hier soir, notre étape s'arrêterait là. Mais nous poursuivons notre route et cette fois, ça monte pas mal jusqu'à Foncebadon et Eole redouble d'effort à tel point que les cyclistes très nombreux sur cette étape sont obligés de mettre pied à terre. C'est glacial, ce qui ne nous empêche pas de pique niquer par terre à l'abri d'un muret ! Nous en profitons pour faire le point sur l'état de nos forces, la qualité de notre moral et les probabilités météorologiques... Il est 11h30 et les auberges n'ouvrent qu'à 13h00, donc à la majorité plus une voix, nous décidons de gravir les deux kilomètres restant et advienne que pourra !


Ce n'est pas facile, les conditions sont sibériennes mais toujours pas d'orage : CompostElle est remontée à bloc et fait preuve d'une belle aisance dans cette étape tant redoutée. J'essaie de lui donner des conseils ou plutôt des indications pour l'épauler de mon mieux car là je suis dans mon élément : en montée, mes pieds ne me font pratiquement pas souffrir. Les changements de terrain continuels font que nous restons concentrés sur le positionnement de nos pieds pour éviter la chute. Et enfin, au beau milieu du néant alors qu'un nuage se déchire, la Cruz de Ferro apparaît ! Majestueuse, emblématique... C'est un moment fort en émotions car nous devons déposer quelques "offrandes" à son pied. Les petits cailloux que CompostElle transporte depuis notre départ sont posés à la base de la croix... Nous y sommes arrivés et dans les jours difficiles que nous avons connus, cette action symbolique nous a aidé à tenir, peu importe les douleurs physiques ou morales.


Il s'en est fallu de peu que nous ne puissions accomplir ce geste car sur le lieu même se tournait un film et l'accès a été bloqué juste après que ayons passé au sommet de ce tas de cailloux !


Puis, nous entamons une descente par endroit très abruptes dans un sentier en pierres inégales et branlantes. Les couleurs offertes par les bruyères et les genêts dans le vert des pins sont d'une beauté rare : c'est un délice d'y cheminer. Pour CompostElle, c'est la plus belle étape depuis Ardentes, ville départ de notre périple. 


En entrant dans El Acebo, terme de cette étape de 33 kms, nous retrouvons au gîte, Francine la nancéenne qui avait donné de l'éosine à CompostElle lors de sa deuxième épidémie d'ampoules, et Martine, l'agile retraitée. 

Bref, une belle étape, même si la météo a encore une fois été dure avec nous, sans doute pour nous mettre à l'épreuve, une énième fois !

5 commentaires :

  1. Bonjour,
    Quand je regarde votre Photo de départ, je me revois en 2011,je suis parti comme vous au petit jour, mais moi il pleuvait!!! Après cela c'est vite arrangé pour faire l’ascension vers la croix de fer
    Pour ce qui est de la beauté du paysage, je vous rejoint, car avec les couleurs, j'ai trouvé que cette étape était plus belle que la montée de Roncevaux et pourtant j'avais eu le soleil aussi.
    Je crois que l'on pourrait prendre autant de pèlerins que nous le voudrions,et, chacun aura un oeil différent. Maintenant la seul difficulté qu'il vous reste est la montée vers O Cébreiro, croisons les doigts pour que le soleil soit là ce jour. Buen Camino

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  2. Bonjour,

    juste envie de dire toute l'admiration que j'ai pour vous.
    Courage pour ces dernières étapes : vous y êtes presque.
    Merci pour votre carte postale.
    A bientôt

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    1. Merci petite soeur ;)
      Dans 8 jours, cela devrait être presque bon pour Santiago !
      Bisous

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  3. C'est très symbolique et même si nous ne sommes plus avec vous par nos offrandes, nous le sommes par la pensée.

    Maintenant c'est juste VOUS, pour les plus belles étapes, les dernières, histoire de contempler le chemin parcouru depuis votre départ et simplement prendre conscience que ce que vous avez fait est "grandiose".

    Bon courage on vous embrasse.

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